Cafés Reck… Les cafés connectés

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Entreprises – Les marques anciennes se convertissent au numérique Cafés connectés !

Mobiliser les nouvelles technologies à toutes les étapes de la production et de la commercialisation : c’est le pari de Thomas Riegert, gérant des Cafés Reck, à Strasbourg. Pour lui, le café connecté est un enjeu vital dans un monde hyperconcurrentiel.

Thomas Riegert, gérant des Cafés Reck, dans sa nouvelle usine connectée, au Port du Rhin à Strasbourg.  PHOTO DNA - Laurent RéaThomas Riegert, gérant des Cafés Reck, dans sa nouvelle usine connectée, au Port du Rhin à Strasbourg. PHOTO DNA – Laurent Réa

On le sent bien, dans l’énergie déployée pour convaincre, dans les grands gestes qui soulignent les explications, dans cette manière de prendre son interlocuteur à témoin puis de lui mettre dans les bras un paquet de café comme ultime argument : Thomas Riegert joue une partie importante, pour lui, pour son entreprise. L’avenir des Cafés Reck est en jeu. Et comme il est le gérant de la société, il est aussi le maître de la partie.

Il parle vite, beaucoup, avec passion, de son métier qu’il connaît sur le bout des doigts, de la production du grain à l’art subtil de la torréfaction et des mélanges. Et si l’on peine à le suivre, une évidence s’impose très vite : il a un projet longuement mûri, qu’il décline d’étape en étape, avec l’impatience d’un enfant qu’il n’est plus. Il a 45 ans aujourd’hui.

Sa conviction : le numérique permettra de garantir la pérennité de l’activité, de la maintenir et de la développer ici en Alsace, dans un secteur particulièrement exposé à la concurrence et, évidemment, à la mondialisation.

Il n’est pas certain que Thomas Riegert ait eu le temps, ou pris le temps, de lire les nombreux récents rapports qui détaillent les enjeux du numérique. Pourtant, depuis quelques années, il déploie un projet qui reprend point par point les préconisations des experts.

Une myriade de capteurs qui permettent de piloter la production

Les nouvelles technologies ouvrent de nouvelles perspectives dans l’optimisation et l’automatisation de la production. La toute nouvelle usine des Cafés Reck (2 000 m² et trois millions d’euros d’investissement), inaugurée en 2013 au Port du Rhin à Strasbourg, peut être pilotée par une seule personne, même si le choix a été fait, par exemple, d’un emballage à la main, en bout de chaîne. Une myriade de capteurs suivent les différentes étapes de la production, les écrans tactiles et les écrans d’ordinateur jalonnent l’usine ; 110 courbes de torréfaction ont été élaborées, elles modélisent la fabrication des cafés. Une partie de la maintenance de la chaîne de torréfaction peut se faire à distance, depuis l’Italie, où est installé le constructeur. Pour aller au bout de cette intégration, il faudrait cependant lever un obstacle : « Nous n’avons pas accès ici au très haut débit », fulmine Thomas Riegert, sauf à recourir à une solution dédiée à l’entreprise, proposée par les opérateurs et jugée trop chère.

Une démarche collaborative avec le consommateur

Les nouvelles technologies multiplient les canaux des échanges avec les clients.

Les réseaux sociaux permettent un dialogue direct avec le consommateur, qu’il est possible d’associer désormais à l’élaboration des produits mis sur le marché (lire ci-contre). Mais Thomas Riegert s’est attaché aussi, avec l’agence strasbourgeoise The Big Family, à créer une plateforme qui change la donne dans les relations aux clients : mycafe.fr , qui propose une production sur mesure, à la demande.

Dans le détail, c’est assez ingénieux : l’hôtelier ou le restaurateur qui a créé son compte sur la plateforme mycafe.fr (active depuis avril 2015) peut créer ses blends (mélanges), choisir sa courbe de torréfaction (claire, moyenne ou sombre), personnaliser l’emballage (jusqu’à l’étiquette). « Cet assemblage sur mesure s’adresse aux grands chefs, aux artisans de la gastronomie, à l’épicerie fine… », détaille Thomas Riegert. Du clic du client à la production du café, tout est interconnecté. Pour l’instant, cette production personnalisée est possible pour des commandes de 5 kilos et plus.

Le numérique, c’est aussi la mutualisation. Avec une quinzaine de professionnels, Thomas Riegert a créé la Compagnie des torréfacteurs. Son usine, à Strasbourg, dispose des locaux nécessaires pour accueillir les collègues de ce réseau, pour partager une expertise, pour partager l’outil de production ! Dans un monde qui cultive le secret de fabrication, c’est inédit.

Production automatisée et optimisée, usine collaborative et connectée, process interactifs. Au moment de faire l’inventaire des innovations, Thomas Riegert ajoute un dernier point : si le grain vient de l’autre bout du monde, les Cafés Reck ont recours pour le reste aux circuits courts, pour les emballages et les matières premières qui servent à la fabrication des capsules.

Reck est alsacien. Et compte bien le rester.

mycafe.fr