Blog du Gilles Pudlowski et Article Les Bonnes Tables DNA Gastronomie 24 au 30 janvier 2015
Christophe Andt © GP
Je vous ai dit, il y a quatre ans – eh oui, quatre ans déjà!- sur cette merveilleuse maison qui est sans doute la Rolls de la winstub. Le lieu existe depuis quelque trente six ans, animée avec maestria sans pareille par le roué Christophe Andt. Ce lutin rieur, qui est un goûteur redoutable et un gourmet sans pareil, ne sert que les plats de son coeur. Et celui, bien sûr, est enraciné au coeur de l’Alsace de ses racines. Manière de souligner que tout ce qu’il propose est frappé du sceau du régionalisme autant que de la qualité.
Sa formule du déjeuner à 13,50 € offre, à travers cinq entrées et cinq plats, une sorte de condensé du bon goût à la mode d’ici, avec ce qu’il faut de cochonnailles pour comprendre le bel esprit bucolique de la région. Terrine de jarret, tarte à la choucroute, filet de hareng matje aux pommes à l’huile, formidable émincé de tête de cochon avec sa fine sauce gribiche moutardée y précèdent le jambon à l’os servi chaud, la choucroute garnie, les fleischkiechle évidemment maison, le splendide saumon (fort peu cuit, donc moelleux) poêlé sur choucroute et beurre blanc sans omettre la belle poitrine de cochon rôti aux pommes grenailles qui faisaient les délices de mon commensal Emile Jung.
Est-ce d’ailleurs un hasard si le meilleur monde de la gourmandise d’ici vient se sustenter là avec des plats qu’il ne trouve pas chez lui? Cathy Klein se régalait, là, d’une splendide tête de veau, tandis que Monique Jung se faisait plaisir avec un vrai bibelass käse à la paysanne. Je n’aurai garde d’oublier la mirobolante tarte à l’oignon, l’un des chefs d’oeuvre du genre, comme de souligner que la carte des vins fait la part belle à des crus et des domaines quasi inconnus ailleurs sur une carte des vins riche en surprises. Ainsi, le muscat d’Albert Maurer à Eichoffen, le sylvaner de Fernand Seltz à Mittelbergheim, le pinot noir de Jean-Marc Dreyer à Rosheim.
On achève sur un dessert de choix, comme avant la fondante tarte aux myrtilles, le riche – mais léger – moelleux au chocolat, le savoureux savarin au rhum sans omettre les très regressifs pot de crème aux petites confitures du jour avant un splendide café expresso de chez Reck et un marc de gewurz de chez Hagmeyer à Balbronn. Bref, avec le beau cadre boisé, peint, signé du père Waydelich et du peintre Edgar Mahler, avec ses fenêtres en culs de bouteille, qui ne laisse filtrer qu’à peine la lumière du jour, venant des proches quais de l’Ill, on se croirait dans un film sur une winstub à Strasbourg. Mais, on l’a déjà dit, au sommet du genre!
Monique, Emile, Cathy et Christophe © GP